Pour solde de tout compte – Chapitre 1
Youpi ! C’est la période des relevés de comptes et des droits d’auteur. L’angoisse fébrile du romancier qui se demande, sur une échelle allant du Flunch au Buffalo Grill, dans quel temple de la gastronomie il va pouvoir inviter sa progéniture pour fêter cette manne providentielle.
À la lecture de mes différents relevés, j’ai été frappé de constater que, de mes quatre titres en poche (on mettra de côté les grands formats), celui qui marche le mieux est Manhattan Carnage, et son bon vieil Orcus Morrigan.
De fait, il n’est pas un salon où on ne me demande quand mon zombie pourri va refaire surface pour la suite de ses aventures déjantées, et, que Dieu me tripote, l’envie est comme Bernard, bien tapie.
Mais le souci n’est pas, pour une fois, une question de timing ou d’agenda. Non, il se situe d’un point de vue légal, et un brin de pédagogie ne sera pas inutile, afin de vous expliquer pourquoi je ne peux pas écrire la suite des aventures d’Orcus.
Orcus Morrigan est une création de mon ami et ex-associé Sébastien Mousse. Le concept du zombie intelligent et narrateur, c’est lui. Dès lors, contractuellement, c’est lui le possesseur du personnage. Si j’ai bien créé et imaginé tous les autres personnages et l’intrigue de Manhattan Carnage, le point de départ, c’est bien Sébastien, aucune ambiguïté là-dessus. Vous me suivez jusqu’ici ? OK, alors point suivant.
Manhattan Carnage et Orcus Morrigan, publiés par l’Atelier Mosésu, ont été depuis rachetés par French Pulp. Or, French Pulp et Sébastien ont décidé de garder les droits du personnage.
Autrement dit, quels sont les scénarios envisageables ?
- Statu quo: Orcus reste dans sa jarre et dans les oubliettes de l’édition. Je n’y peux rien, le perso ne m’appartient pas, et ce qui est né poussière redeviendra poussière ;
- Orcus Morrigan, la suite, publiée chez French Pulp ? Oui, mais avec quel auteur aux manettes ? Sauf si mon téléphone est coincé dans un tunnel depuis quelque temps, je n’ai pas été contacté pour reprendre le clavier sous un nouveau pavillon. Et si, légalement, je ne peux rien objecter à l’hypothèse que Pierre, Paul ou Jacques marche dans mes brisées, il faudrait qu’il le fasse sans aucune référence à l’intrigue et aux autres personnages du tome 1, qui, eux, sont à bibi.
Bref, vous l’aurez compris, la situation est compliquée, je suis incapable de vous dire s’il y aura une suite à Manhattan Carnage, et – accessoirement – avec quel auteur.
Illustrations de l’article : Giuseppe Manunta et Gilles Francescano.