Sur la quinzaine de romans que j’ai écrits, j’ai une affection particulière pour « Rouge armé ». C’était la première fois que je m’attaquais à un projet de cette envergure, sans une once d’humour, avec une thématique grave, et la volonté de montrer que je pouvais moi aussi jouer à l’écrivain.
« Rouge armé » a été remarqué dans le milieu (il a quand même fini second du Grand prix des lectrices de « Elle »), mais a généré son lot de frustrations : pas de vrai travail éditorial ni de traitement commercial, il était voué à une amère confidentialité, en dépit d’une maison d’édition prestigieuse.
Alors quand le hasard du calendrier s’en mêle, on se prend à espérer : la semaine dernière, j’ai enfin récupéré mes droits sur le roman. Concrètement, ça veut dire qu’avec mon agente, nous allons retravailler le texte et tenter de lui trouver un nouvel éditeur, pour une deuxième vie qu’on espère plus prospère.
Mais surtout, j’ai reçu cette semaine un mail très touchant d’un lecteur allemand, francophone, qui me l’avait acheté lors de ma conférence à Essen. Touché par ce roman, il s’est mis en tête de le traduire, pour son plaisir et celui de ses proches. Et il le fait – autant que je puisse en juger – avec un professionnalisme qui se cache derrière une humilité dont je ne suis pas dupe.
Alors, en une semaine, droits récupérés et traduction allemande en cours, gageons que « Rouge armé » a entamé sa mue vers sa renaissance.